Le Camp de César
DIAPORAMA: Escapade sur le Camp de César
English_version_camp_de_césar.pdf
L'agglomération protohistorique et romaine, dite Camp de César, d'une superficie de 18 hectares, est implantée en bordure orientale du vaste plateau de Lacau. Elle domine la vallée du Rhône, axe de communication privilégié des sociétés antiques du sud de la Gaule. Occupé pendant plus de mille ans, le Camp de César raconte l'histoire des anciennes communautés méditerranéennes. Les fouilles scientifiques menées par le service du Patrimoine de la commune en collaboration avec le Ministère de la Culture et entamées en 1990, se poursuivent encore de nos jours et n'ont pas livré pour l'heure toutes les richesses que recèle ce grand site Languedocien.
L'oppidum occupait une position éminemment stratégique en bordure de Rhône et au confluent des vallées de la Cèze et de la Tave. Il commandait l'accès aux voies allant en direction des Cévennes et de la haute vallée du Rhône. En outre, il bénéficiait de la proximité de deux grands axes routiers romains : la voie Domitienne reliant l'Italie à l'Espagne et traversant tout le sud de la Gaulle, ainsi que la voie des Helviens entre NÎMES et ALBA-LA-ROMAINE.
Outre les relations privilégiées qu'il entretenait avec le monde méditerranéen, notamment avec MARSEILLE, le Camp de César avait, à n'en pas douter, la maîtrise d'un vaste territoire. Ainsi le cours de la Tave, dans la plaine, était occupé et exploité de manière intensive à l'époque romaine. Les villae, nombreuses, témoignent d'une gestion organisée des terres avec la culture des céréales et de la vigne. Cette large sphère d'influence, politique et économique lui procure survie et épanouissement durant de nombreux siècles.
Camp de César
jjj
LA CHAPELLE SAINT JEAN DE ROUZIGUE OU SAINT JEAN DE TODON
English Version
La chapelle Saint-Jean de Todon, populairement appelée Saint-Jean de Rousigue dans la région, est la dernière occupation d'une agglomération gauloise, puis romaine nommée le Camp de César et située sur le plateau de Lacau.
L'édifice comprend une nef* fermée par une abside* et mesure 24,8m de long pour 8m de large. La partie ouest du bâtiment (la nef) est plus ancienne, tronquée à l'est par des piliers engagés.
Les dix campagnes de fouilles effectuées autour des années 2000 ont démontré que cet édifice est construit en plusieurs étapes et qu'il possède une histoire complexe qui peut plonger ses racines entre le Vème et le VIIème siècle, et se termine à l'époque moderne.
Le site est abandonné en tant que lieu de culte à partir du XIVème siècle.
Il aurait, d'après Dom Pinière de Clavin, été détruit par les anglais, mais cette information n'est pas vérifiable. Le prieuré est dépecé graduellement mais apparaît encore au XVIème siècle. L'édifice reste un lieu de mémoire et de piété populaire au moins jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, car des croyances locales sont encore très vives jusqu'à cette époque.
Croyances et coutumes locales
Une légende populaire veut qu'une chèvre d'or soit enfouie proche ou dans les décombres de Saint-Jean de Todon. Cette croyance est tellement répandue que de nombreux habitants auraient entrepris au milieu du XIXème siècle d'effectuer des fouilles afin de trouver la fameuse chèvre d'or, dépensant pour certains d'importantes sommes d'argent.
Une autre superstition locale était très répandue particulièrement auprès des femmes de Laudun, qui avaient coutume d'amener leur enfant malade aux ruines de Saint-Jean de Todon pour le placer sur un autel présent au cœur de la chapelle. Une fois devant l'autel, elles retiraient les vêtements de l'enfant pour les remplacer par de nouveaux et jeter les anciens. La rumeur dit que ce rituel engendrerait toujours une guérison très rapide, dans les semaines qui suivent.
Dans la même idée, certaines femmes n'arrivant pas à avoir d'enfants faisaient un pèlerinage en ces lieux afin de remédier à leur stérilité.
Le cimetière
Les fouilles archéologiques devaient à la base être centrées sur l'édifice de la chapelle elle-même, mais c'est finalement l'étude des sépultures qui l'entourent qui a pris une place importante dans les recherches.
En effet, les nombreuses modifications effectuées au cours du temps sur l'architecture du bâtiment et les dégâts causés par des « fouilles » non-officielles du XIXème siècle ont rendu la datation de la chapelle très complexe.
La construction du cimetière a également rendu la tâche de datation plus complexe, la terre ayant été retournée et mélangée, ce qui empêche les observations stratigraphiques*.
En revanche, les gravats tombés de la chapelle et ceux résultant des « fouilles » clandestines ont protégé le cimetière qui est donc particulièrement bien conservé à proximité de l'édifice, sur environ 360m².
Trois sépultures sont monumentalisées :
- L'une par un sarcophage, pratique pourtant peu commune à cette époque et dans cette région
- Deux autres par l'édification d'un enfeu*, probablement réservées à une élite privilégiée.
Quatre autres types de signalisation des tombes sont représentés, et apparaissent plus fréquemment.
Deux, assez discrets :
- Un cordon rectangulaire de moellons* en calcaire disposés autour de la fosse.
- Une stèle posée verticalement au niveau soit des pieds, soit de la tête, soit aux deux extrémités de la fosse.
Deux autres, plus remarquables :
- Une pierre tombale, constituée d'une dalle de calcaire gris placée au niveau du sol et qui recouvre la fosse.
- Un massif de maçonnerie quadrangulaire*, en moyenne de 2m de long pour 0,75m de large, qui est construit par-dessus le coffrage contenant le corps, afin de dépasser largement du sol et d'être donc visible plus facilement et plus longtemps, assurant la pérennité de la mémoire du défunt.
La nécropole aurait servi entre la seconde moitié du IXème et la fin du XIIIème siècle. 141 coffrages anthropomorphes et 81 dépôts secondaires ont été étudiés après les fouilles de 2010. Très peu de mobilier a été retrouvé dans les sépultures : 11 vases (de type pégau) déposés soit aux pieds, soit sur les membres inférieurs et parfois à côté de la tête. On a aussi retrouvé trois sujets accompagnés d'une valve perforée de Pecten Maximus (coquille St-Jacques), qui sont des insignes de pèlerins.
Les fouilles de la campagne de 2010 ont livré un lot de 32 monnaies, dont 30 ont pu être identifiées :
- 20 monnaies gauloises
- 1 monnaie romaine du Haut-Empire
- 3 monnaies romaines du Bas-Empire
- 6 monnaies féodales
- 2 monnaies antiques non identifiables.
Vocabulaire:
Nef : Salle principale d'une église ou d'une basilique civile, où les fidèles assistent à l'office religieux.
Abside : Extrémité en demi-cercle d'une église, derrière le chœur.
Stratigraphie : Science visant à étudier la succession des différentes couches (strates) géologiques.
Enfeu : Niche funéraire creusée dans un mur.
Moellon : Sorte de brique, à la différence qu'un moellon est taillé dans la roche et non moulé.
Quadrangulaire : Dont la base est un quadrilatère (ici, un rectangle).